« Les voici toutes : les attendrissantes poupées plastifiées du rock bubble-gum, les frêles égéries des grands méchants du rock, les délirantes groupies fascinées par les rock-stars sex-symbols ont peu à peu cédé la place à des filles musiciennes et poètes, décidées à abolir les barrières qui les empêchaient de faire, elles aussi, hurler des guitares et prendre leur pied. ».
Alors, une histoire (qui date de publication du livre oblige, commence dans les années 50 et s’arrête hélas aux années 80) des filles musiciennes et poètes, comment ne pas se laisser tenter ? Bien m’en a pris car comme l’annonce mon titre, j’avais sans le savoir, entre les mains, le meilleur livre sur les femmes et le rock que j’aie jamais lu…
Pourquoi donc ? Parce que je n’ai jamais trouvé de livre sur le sujet qui ait une approche à la fois sociale, historique, analytique et émotionnelle. Marjorie Alessandrini est une fan de rock et cela transpire de ce livre passionné et passionnant. Non seulement, « Le Rock au Féminin » est extraordinairement bien écrit, mais le propos est à la hauteur de la plume. Je le trouve utile de le signaler car, lisant beaucoup de livres sur le rock, je trouve souvent des ouvrages dont le contenu est intéressant mais le style assez plat, ou alors une écriture très soignée mais un contenu manquant de substance.
L’auteur de ce livre réussit le tour de force d’analyser avec beaucoup de précision le parcours, les personnalités et l ‘univers d’artistes telles que Wanda Jackson, Yoko Ono ( et oui, ce n’est pas que la femme de John Lennon, et elle à été à l’origine d’expériences musicales qui font d’elle l’une des figures qui préfigurent le mouvement riot grrrl), Grace Slick, Janis Joplin, Dolly Parton, Melanie, Bonnie Raitt, Rickie Lee Jones, The Runaways, Patti Smith, les Slits, Chrissie Hynde, Nina Hagen…, sans pour autant que cette analyse ne soit une atteinte à la magie et au mystère. Marjorie Alessandrini est de ces rares auteurs qui sont capables d’aller « en coulisses », « de l’autre côté », et de revenir avec des révélations et des choses à partager avec le lecteur sans avoir dépouillé l’artiste de quoi que ce soit.
Et c’est à mon sens, là ou l’on voit si un livre sur le rock est bon ou pas.
Sur un autre sujet, le roman « Blonde » de Joyce Carol Oates, mon écrivain préféré, aborde la destinée de Marylin Monroe, dans ses détails les plus crus et les moins reluisants parfois, et pourtant, à la fin du livre, le mythe est intact.
Car certains écrivains, auteurs ou journalistes ont cette capacité à s’approcher tout près, et à nous retransmettre ce qu’ils ont perçu.
Ceux qui sont de cette espèce là sont, comme les artistes que l’on aime, des magiciens, qui participent à transmettre la flamme du rock’n’roll…
Le livre de Marjorie Alessandrini n’a pas été ré-édité, et j’aimerais beaucoup savoir ce qu’elle est devenue après avoir écrit ce véritable bijou.
Vous pouvez trouver des exemplaires d’occasion de « Le Rock au Féminin » sur amazon, et au hasard des librairies d’occasion.
En vous souhaitant qu’un exemplaire croise votre route…
Et pour vous, qu’est-ce qui fait qu’un(e) artiste est magique ?
Avez-vous trouvé des livres ou auteurs qui ont su l’évoquer et que vous recommanderiez à d’autres ?
France de Griessen
UPDATE octobre 2014 :
Un message de Paul Alessandrini, son compagnon de toujours, m'apprends que Marjorie nous a quitté cette année.
Je publie ici en hommage deux photographies qu'il m'a transmises.