Cette photo est extraite du fabuleux livre "Advanced Style" de Ari Seth Cohen.
Performeuse, peintre, conteuse, chanteuse, merveilleusement extravagante : Ilona Royce Smithkin
" A trop essayer d'imiter, vous ne ressemblerez à rien. Ne vous comparez pas aux autres. Vous êtes qui vous êtes !"Ilona Royce Smithkin Cette photo est extraite du fabuleux livre "Advanced Style" de Ari Seth Cohen. Performeuse, peintre, conteuse, chanteuse, merveilleusement extravagante : Ilona Royce Smithkin
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En cherchant si de nouvelles vidéos de Juliette et les Indépendants seraient apparues sur le web, je suis tombée sur une émission consacrée au rock indépendant absolument fantastique : "Indies", du réalisateur Sylvain Bergère. Grâce à l'émission avec Juliette et les Indépendants, j'ai découvert par exemple le groupe Jivaros Quartet, dont j'ai immédiatement acheté le cd "Near The Noise", une merveille, assez proche de Peter Perrett pour ceux qui connaissent. Avant chaque groupe ou artistes, une petite présentation en rimes bien senties, qui donne son unité et son charme a Indies. Cette émission est l'oeuvre d'un chercheur de trésors, comme le rock en a besoin pour faire vivre sa scène et pour la transmettre de génération en génération. "Indies", c'est comme un pote qui vous ferait découvrir ses coups de coeur, un grand frère rocker qui à la classe et qui vous fait rêver avec les disques qu'il a ramenés dans son sac. C'est l'une des choses fantastiques qu'offre le rock'n'roll, rêver et se dire : waow... waow... waow... Merci, cher Sylvain, pour les waow...c'est inestimable, les waow... France de Griessen PS : Si quelqu'un a le contact mail de Sylvain Bergère, j'aimerais beaucoup lui écrire... A tous ceux qui disent : oui mais moi j'écoute des centaines de disques je peux pas payer pour tout ( je l ai entendu, celle là !), je réponds : qui on est, c'est aussi les choix qu'on fait. Ne prétends pas aimer la musique si tu n es qu'un voleur qui n a aucun respect pour le travail des artistes, si tu n'apportes jamais aucun soutien a la scène que tu prétends aimer, si tu mets bêtement et sans rien y connaitre toutes les maisons de disque dans le même sac ( moi non plus, je n'aime pas Pascal Nègre, mais il y a des gens qui se battent via leur label, avec passion pour faire vivre la musique qu ils veulent défendre !), et si tu paye pour ton téléphone portable, ta bière, ton t-shirt des Ramones mais que pour un mp3 a 99 centimes c est encore trop, et bien je te dis merde. Par ailleurs, il y a des médiathèques, il y a échanger des disques avec ses amis ( on met en commun ce que chacun a acheté, mais il y a au moins un achat à l'origine, ce n'est pas la règle du pillage systématique) , les boutiques d'occasion ou on trouve a des prix vraiment démocratiques, amazon et autres... Tant de solutions pour qui souhaite soutenir la scène musicale qu'il aime. PS : Quand aux sociétés comme Spotify, qui reposent sur l'exploitation des artistes, faut les flanquer dehors. ils n'ont rien à faire dans le milieu de la musique ces sales suceurs de sang...et c'est a nous artistes, et à vous public, si vous aimez véritablement la musique et les artistes, de leur dire : allez vous faire foutre ! Si plus personne ne les laisse avoir de morceaux ils mourront. pour votre info : Sur Spotify, une écoute rapporte en moyenne 0,003€ au groupe ou artiste. Ainsi, en se basant sur cet exemple, l’écoute d’un album complet rapporterait 0,029€. Et plus on augmente ces chiffres, plus ils semblent dérisoires : 10 écoutes d’albums rapporteraient donc 0.29€. Avec 100 écoutes un groupe pourrait s’offrir une salade Casino d’une valeur de 2,94€ . Enfin, 1000 écoutes d’un album complet rapporterait donc près de 30€. Même pas de quoi rembourser les frais de mise en ligne de l’album par Zimbalam ( 38,20 euros) ou autre plateforme de distribution digitale. Via Spotify, on devient "rentable" ( si on considère que des centimes constituent un seuil de rentabilité !) à partir du moment où votre morceau est joué 5.171 fois. Si vous aimez la musique, dans toute sa diversité, défendez là. Achetez la, faites la connaître. Soutenez la scène que vous aimez. Que ce soit via le téléchargement légal ou les albums physique selon votre budget, mais ne volez pas aux artistes, et ne donnez pas votre argents aux sociétés de streaming. Si vous pillez sans vergogne, si vous soutenez ces exploiteurs, ne prétendez pas aimer la musique. Vous ne l'aimez pas, bien au contraire. Cessez d'être un putain d'hypocrite. Et c'est bon, a moins d'être un sans-abri , encore une fois, les mp3 c'est quelques centimes en téléchargement légal, alors le couplet de "c'est trop cher", et ben fourrez vous le dans le cul, avec votre hypocrisie de soit-disant "fan de musique". France de Griessen "It wasn't you, It was me". Aquarelle, crayon et feutre.
ARTISTE POLITIQUE Tellement souvent j’entends des artistes dire qu’ils ne veulent surtout pas émettre d’avis politique, que « ce n’est pas la place de l’artiste ». Si ils ne souhaitent pas s’exprimer, ce n’est pas moi qui vais les blâmer, car c’est la liberté et le choix de chacun, mais dire que « ce n’est pas la place de l’artiste », ça je suis radicalement pas d’accord. Autant s’afficher et s’engager auprès d’un parti politique n’est a priori pas quelque chose que je ferais, autant afficher mes idées et m’engager pour elles, et bien, à chaque occasion qui m’est donnée, je le fais. Et je n’estime certainement pas que « ce n’est pas mon rôle », bien au contraire. Je suis une fervente adepte de la célèbre formule « You have a voice, use it » ( « vous avez une voix, servez-vous en ») . Quand on a l’opportunité, par son art d’attirer l’attention d’un public, de pouvoir s’exprimer dans les médias, c’est là une occasion d’amener une réflexion. L’une des choses qui m’a intéressée dans le rock et dans l’art, c’est le pouvoir de remise en question de l’ordre établi et des idées reçues qu’il peut véhiculer. Cette force là m’a impressionnée dès l’enfance. Et dans ma contribution, moi, artiste, j’entends bien garder ce cap. Je suis bien loin d’être « parfaite » ( et encore faudrait il que cela existe, quelqu’un de parfait !), j’ai comme tout le monde mes démons et mes contradictions et je ne me pose certainement pas comme un modèle. Je ne mange pas d’animaux, ni de produits animaux et souvent je suis tombée sur des gens qui « cherchaient la faille », le point au j’aurai « fauté ». Ou qui me disent «de toutes façon on y peut rien, la viande est en vente dans les supermarchés ». Tout ça, c’est juste des excuses pour ne rien faire et ne rien changer a ses habitudes. C’est pas parce qu’un produit « est en vente » qu’il ne peut pas disparaître des rayons si les consommateurs n’en achètent plus ! A l’heure ou les enjeux financiers sont a un tel paroxysme, acheter, c’est voter, au quotidien. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas l’abbé Pierre qu’on ne peut pas faire preuve de compassion et d’engagement, dans divers domaines. Il y a des gens qui en consomment et qui par ailleurs vont s’investir dans une association de protection animale. J’avoue ne pas comprendre le raisonnement (en aimer certains et en manger d’autres) mais je me félicite de leur engagement. C’est déjà une action positive. Je prends l’exemple de mes choix alimentaires puisque c’est souvent un sujet de débat, mais cela s’applique à tous les domaines. Je suis fatiguée d’entendre au quotidien « on n’y peux rien », « de toutes façon c’est eux qui décident », « oui, mais si on doit faire attention à tout c’est fatiguant », « je ne voudrais pas me mettre les gens a dos » etc… Je ne nie pas que notre pouvoir individuel a ses limites, mais n’oublions pas qu’il existe et qu’au quotidien, nous pouvons tous faire quelque chose pour défendre les causes et les idées qui nous sont chères. Même une petite, c’est important. Et c’est un acte politique. Si je peux contribuer par mes prises de positions, par les tracts que vous trouverez sur mon stand lors des concerts, par ce que je peux dire dans mes interviews, à faire reculer les idées haineuses, l’argent comme valeur suprême au mépris de l’humanité, l’irrespect des êtres vivants – hommes et animaux, un combat qui va pour moi main dans la main et certainement pas en opposition -, la torture pour le divertissement de l’homme, l’usage de la religion comme moyen d’oppression et de contrôle, les tentatives de restreindre les libertés (je précise pour être bien claire la « liberté d’opprimer autrui » ou de « liberté de torturer ou faire souffrir des animaux » pour moi n’ont rien a voir avec la liberté, c’est juste de l’égoïsme de la cruauté), je pense que c’est tout à fait ma place, et je la revendique. Dans une interview donnée au magazine Longueur D’Ondes, que je salue ici et remercie chaleureusement pour les pages qu’ils m’ont accordée il y a deux ans dans leur numéro d’été pour la sortie de mon album « Electric Ballerina », mes propos avaient été incorrectement retranscrits. Le journaliste (qui fût désolé de la méprise ensuite et s’en est excusé, une personne bien mais peu informée de la cause animale) avait en effet raccourci une des mes réponses sur la corrida, en « Je suis contre la corrida mais je comprends », ce qui est on ne peut plus opposé a mes convictions car je ne « comprends » absolument pas. Pour mon dossier de presse, j’avais fait ajouter l’encart suivant : “La cause des animaux me tenant particulièrement à coeur, je tiens a apporter à cet article les rectificatifs suivants : Je ne porte pas de jupes ou vêtements en cuir ou en vraie fourrure. La jupe que je portais lors de cet interview est en tissu et non en daim. ( Le journaliste avait aussi pris ma jupe pour une jupe en daim) Je suis à 200% contre la corrida et ne comprends absolument pas que l'on puisse prendre plaisir à aller en voir. Mon propos orginal était le suivant : " Etant très proche des animaux et les aimant énormément, je suis évidemment très heurtée par la corrida. Personnellement, je ne peux considérer la torture publique d'un animal comme une forme d'art, ni comme quelque chose qui puisse se justifier par une quelquonque tradition.(...) Maintenant, toutes les personnes que je fréquente ne partagent pas mes engagements en faveur des animaux et ce n'est pas forcément pour autant que je ne leur adresse pas la parole, ou que je ne leur accorde pas mon amitié." Souvent on me demande d’ou me vient ma rage quand je chante des chansons qui envoient comme on dit. C’est simple, elle me vient des tripes, du coeur , des yeux, des oreilles, et du monde et des choses qui me révoltent. Déjà dans la cour de récré j’étais comme ça, et je n’ai pas changé en grandissant. J’ai fait des chansons avec de la rage, de l’amour et de la liberté dedans. Je vous laisse avec une chanson qui m’est chère, plus que jamais d’actualité. France Si vous voulez savoir pouquoi je milite contre la corrida et m’aider en apportant votre signature à ma pétition ( ça prends 5 secondes) c’est ici : http://www.mesopinions.com/petition/art-culture/demande-desinscription-corrida-liste-biens-immateriels/8344
UNDERGROUND LOVE Underground…un terme qui est souvent, il me semble, employé à tort et à travers : le manque de moyens financiers ou le fait de ne pas être connu d’un large public, ça n’est pas l’underground. L’underground, c’est avant tout une certaine manière d’appréhender la vie et l’art en cherchant à partager le fruit de son travail avec un public, sans pour autant le courtiser. Pour moi, l’underground est compatible avec la reconnaissance, et même avec la célébrité, mais pas avec l’absence d’intégrité artistique. Underground et imagination vont de pair. Je pense à « Suzanne » de Leonard Cohen ou il écrit quelque chose comme : « Tu sais qu’elle est à moitié folle mais c’est pour cela que tu veux être là… Tu veux voyager avec elle, et elle te montre le chemin à travers l’ordure et les fleurs ». Cette phrase est à la fois réaliste et symbolique. Je crois que ce serait une bonne définition de ce qui m’a attiré dans l’underground. Le film « Hedwig and the Angry Inch », par exemple, c’est aussi cela. Un travesti glam inspiré de Jayne County qui fait une tournée des « all-you-can eat buffets » des Etats-Unis et chante au milieu de clients la bouche pleine et de fans assidus, c’est aussi poétique que violent. L’underground, c’est un monde ou peut exister une intégrité et une jouissance peut commune, et c’est pour cela que c’est irremplaçable. Je pense que tant que l’être humain aura besoin de liberté, d’arrogance, de hasard, d’imagination, d’insubordination, il y aura de l’underground. L’underground c’est une forme d’innocence, d’inconscience, où rien n’est facile mais ou tout est possible si on a du courage et de l’imagination. « Une œuvre doit prendre contact, fût-ce par malentendu, et cacher ses richesses qui se livreront peu a peu et à la longue. Une œuvre qui ne garde pas de secrets et se donne trop vite, risque fort de s’éteindre et de ne laisser d’elle qu’une tige morte. » Jean Cocteau, « Entretiens Autour du Cinématographe » - 1951 “Suzanne takes you down to her place near the river You can hear the boats go by You can spend the night beside her And you know that she's half crazy But that's why you want to be there… She is wearing rags and feathers From Salvation Army counters And the sun pours down like honey On our lady of the harbour And she shows you where to look Among the garbage and the flowers” "Suzanne" Leonard Cohen Pourquoi est-ce que je fais de la musique ? Parce que rien jamais ne m’a donné la chair de poule autant que ça. Au début, on ne sait pas tellement ou on va. Ce qui compte, c’est de se lancer, et petit à petit on découvre son chemin, et qui l’on est, et ce qui nous rends unique. Et c’est cela que nous pourrons offrir de plus beau, de plus généreux et de plus vrai. Cela demande d’abandonner sur le chemin tout ce que nous aurions aimé être mais ne sommes pas, de trouver le vrai, l’alignement, la cohérence – rien à voir avec l’équilibre, car comme la plupart des artistes, je ne suis pas une personne particulièrement équilibrée, et je dois faire avec -, de travailler à créer notre route et notre propre technique avec courage. Et comme dirait Bette Davis « It ain’t no place for sissies ». ( « Ce n’est pas un endroit pour les couards »). Une chose est sûre, il y a des éléments que je retrouve invariablement chez tous les artistes que j’aime. - La tension : l’importance des choses. La sensation que c’est essentiel pour la personne qui joue ou qui chante de le faire, et que ça la dépasse, au sens ou, ce n’est pas pour épater qui que ce soit, ni quoi que ce soit de cette nature. C’est toujours un défi, car les choses les plus importantes pour nous le sont, forcément. Ma formation de comédienne, et les personnes avec qui j’ai eu la chance de travailler dans ce domaine, m’ont appris qu’au théâtre ( je ne parle pas du théâtre de boulevard, qui n’est pas mon domaine et sur lequel je préfère laisser la parole à des personnes plus légitimes que moi pour en parler) rien ne doit être anecdotique. Si un personnage dit à un autre « tu pourras m’acheter des cigarettes ? », c’est bien plus que cela. Si il suffisait d’ailleurs de réciter des phrases sur un ton « naturel » et sans qu’il n’y ait rien de plus d’ajouté que ce qui est écrit, ce ne serait d’ailleurs pas d’un grand intérêt. Alors imaginons un peu « tu pourras m’acheter des cigarettes ? » : cela peut-être le début d’une relation, une première chose que l’on demande à quelqu’un après une belle nuit ou cela peut-être la dernière, en sachant que l’autre ne reviendra pas, pour prendre les extrêmes. Quand je parle de tension, je parle d’enjeu. Sans enjeu, pas de théâtre, et je dirais, pour parler de la musique qui me parle et m’intéresse, pas de musique. L’enjeu n’a rien d’intellectuel. Bien au contraire, il est raw (« raw power » !), direct, il va a l’essentiel. Et il est tourné vers l’extérieur. Une énergie qui part des tripes et qui va vers le public. Si la tension est centrée sur soi même, quelque chose ne marche pas. Ce qui m’amène au deuxième point : - La générosité : et c’est là ou je parlais du courage notamment. Car autant pendant le travail de création, de répétition, de mise en place et de compréhension des techniques qui nous appartiennent, l’introspection peut être utile – sous réserve de ne pas y trouver des prétextes divers pour ne pas se lancer -, autant au moment du partage avec le public, que ce soit sur scène ou sur album, il faut savoir, et c’est un processus si étrange qu’il est difficile a expliquer, savoir s’extraire de soi-même pour être soi, dans toute son intégrité. C’est d’ailleurs ces moments de grâce qui permettent à certains de trouver ou de retrouver leur place quelque part sur cette planète. ( Sur le sujet je vous conseille le documentaire « You’re gonna miss me »…) - un sens personnel de la mélodie et du rythme. Si vous essayez de reprendre des morceaux d’autres artistes, vous verrez que certains nous sont tout de suite naturels, et d’autres demandent beaucoup plus d’adaptation. Pour certains chanteurs par exemple, le chant démarre le plus souvent sur tel ou tel temps. Soit c’est comme vous, instinctivement, soit c’est l’endroit ou ils démarrent ou vous auriez placé votre respiration…Tout peut se travailler, et on peut toujours trouver moyen de faire une version qui nous corresponde, mais je remarque qu’en ce qui me concerne, j’ai toujours aimé les artistes qui sont un peu « a cheval », « en flottement », « en équilibre » sur les temps. Les couplets qui dépassent, les choses pas trop carrées que ce soit par un aspect ou un autre, cet espace ou je trouve ma liberté et le point suivant absolument essentiel pour moi : - le plaisir, l’extase, la transe : sans plaisir, ou est l’intérêt ? Que soit pour l’artiste ou pour le public, qui reçoit ce que l’artiste donne, si il n’y a pas une forme d’extase – qui peut être de toute nature, des plus sombres aux plus lumineuses -, de transe quand on fait ce qu’on fait, au pire, ce sera pénible au mieux ce sera « de l’épate », du « bien fait ». Je conçois qu’on puisse aimer ça, mais personnellement, ça ne m’intéresse pas, ça ne ma captive pas, et ça ne me laisse pas d’impression durable, même si sur le coup, je ferais peut-être « waow ! » impressionnée par la virtuosité. Et puis une bière plus tard, j’aurai oublié…Les seuls virtuoses qui m’épatent pour de vrai, et il y en à, c’est ceux qui sont uniques, et aucun singe savant au monde ne me mettra des étoiles dans les yeux plus de cinq minutes. Par contre, quelqu’un qui vit l’intensité du moment, avec tension, enjeu, générosité et extase…là…c’est « the real thing ». Rien à voir avec les conneries qu’on entends souvent en France « la grâce on l’a ou on l’a pas » et autres bullshit. Ca c’est des raisonnements de paresseux et de bourges au pire sens du terme. Je ne pense absolument pas qu’il soit nécessaire de jouer ou de chanter « parfaitement » pour être artiste – je viens du punk…come as you are et on verra en faisant- , par contre, je suis sûre, en ce qui concerne ce qui m’intéresse, qu’il faut être vrai. Et qu’une personne vraie, peu importe sa nature, saura trouver un chemin paré de fleurs et d’or et le faire voir aux autres, fussent-ils des milliers ou quelques uns. How magic is that ? Love, Peace & Rock’n’Roll. France de Griessen HOLY MOTORS Samedi j’ai vu le film de Leos Carax HOLY MOTORS avec le magique Denis Lavant - un acteur de la trempe de Laurent Terzieff, comme lui, un poète au service des poètes- , qui joue d’ailleurs dans un autre de mes films cultes « Mona et Moi » de Patrick Grandperret, avec Johnny Thunders. HOLY MOTORS ne ressemble à rien de déjà vu ou déjà fait, c’est un chef d’œuvre du cinéma : un film qui ne pourrait pas être autre chose qu’un film, et dont la magie tient du fait qu’il ne pourrait ni être une pièce, ni une peinture, ni une musique, ni un roman. Et que rien ne saurait mieux le raconter que la matière filmique et sa poésie propre. C’est une expérience dont on sort transformé, et qui n’a rien d’intellectuel, ne nécessite aucune références ni connaissances, un voyage pour qui peut se laisser emmener. Une expérience transformative mystique. Avoir vu ce film m’a donné envie d’écrire sur ma famille, celle des artistes. Au monde dans lequel nous vivons, que nous ressentons, que nous vivons et pour lequel nous sommes prêts à tout endurer. Car souvent cela intrigue, je remarque. Pourquoi tous ces sacrifices, ces vies difficiles, sans aucune garantie de quoi mettre des légumes sur le feu ? Et j’ai eu envie de l’expliquer. Le monde dans lequel je vis est merveilleux, magique, cruel, extraordinaire, déchirant, effrayant, déstabilisant, déracinant, fascinant, mystérieux, joyeux, fantaisiste, lumineux. J’y suis accro plus qu’à toutes les drogues et j’en crèverai plutôt que de me désintoxiquer de ma vocation. Nous sommes peut-être des va-nus pieds sans le sou, mais nous sommes aussi des princes dont le royaume s’enrichit et s’étend depuis les siècles de siècles par la contribution des artistes qui nous on précédés et qui nous survivront. Si nous endurons tout pour notre art et notre vocation, croyez-vous que nous sommes fous ? On le dit souvent des artistes. Mais, pour moi, ce royaume que j’ai vu dès mon plus jeune âge, j’ai su que c’était mon endroit, ma place. L’art ne me guérira pas. Ni mon regard sur la vie, ni mes chansons, mes spectacles, mes poèmes ou cette petite fleur autour de mon cou. L’art n’est pas une thérapie, un exutoire magnifié de l’univers intérieur sûrement, ça oui. L’art ne te permettra pas d’être moins seul, il ne peut se substituer à un compagnon ou à un ami. L’art est indispensable comme l’air a celui qui a vu le royaume. Et jouer ou faire un film, ou un dessin, c’est montrer l’intérieur de son âme, et comment on à arrangé les choses là-dedans, avec rage, avec ce qu’on peut, avec amour, avec intégrité. Sais-tu ce qu’il en coûte de rêver ? Et pourtant… Et pourtant… Et pourtant… France de Griessen 15 juillet 2012 « Je continue comme j’ai commencé : pour la beauté du geste. » Holy Motors Au hasard d’un marché aux livres d'occasion, je suis tombée sur ce livre publié en 1980 aux Editions Albin Michel/Rock & Folk. Je l’ai acheté, attirée par le titre et les photos de Debbie Harry et de Patti Smith en couverture, puis par le descriptif de l’ouvrage au dos dont je vous recopie un petit extrait : « Les voici toutes : les attendrissantes poupées plastifiées du rock bubble-gum, les frêles égéries des grands méchants du rock, les délirantes groupies fascinées par les rock-stars sex-symbols ont peu à peu cédé la place à des filles musiciennes et poètes, décidées à abolir les barrières qui les empêchaient de faire, elles aussi, hurler des guitares et prendre leur pied. ». Alors, une histoire (qui date de publication du livre oblige, commence dans les années 50 et s’arrête hélas aux années 80) des filles musiciennes et poètes, comment ne pas se laisser tenter ? Bien m’en a pris car comme l’annonce mon titre, j’avais sans le savoir, entre les mains, le meilleur livre sur les femmes et le rock que j’aie jamais lu… Pourquoi donc ? Parce que je n’ai jamais trouvé de livre sur le sujet qui ait une approche à la fois sociale, historique, analytique et émotionnelle. Marjorie Alessandrini est une fan de rock et cela transpire de ce livre passionné et passionnant. Non seulement, « Le Rock au Féminin » est extraordinairement bien écrit, mais le propos est à la hauteur de la plume. Je le trouve utile de le signaler car, lisant beaucoup de livres sur le rock, je trouve souvent des ouvrages dont le contenu est intéressant mais le style assez plat, ou alors une écriture très soignée mais un contenu manquant de substance. L’auteur de ce livre réussit le tour de force d’analyser avec beaucoup de précision le parcours, les personnalités et l ‘univers d’artistes telles que Wanda Jackson, Yoko Ono ( et oui, ce n’est pas que la femme de John Lennon, et elle à été à l’origine d’expériences musicales qui font d’elle l’une des figures qui préfigurent le mouvement riot grrrl), Grace Slick, Janis Joplin, Dolly Parton, Melanie, Bonnie Raitt, Rickie Lee Jones, The Runaways, Patti Smith, les Slits, Chrissie Hynde, Nina Hagen…, sans pour autant que cette analyse ne soit une atteinte à la magie et au mystère. Marjorie Alessandrini est de ces rares auteurs qui sont capables d’aller « en coulisses », « de l’autre côté », et de revenir avec des révélations et des choses à partager avec le lecteur sans avoir dépouillé l’artiste de quoi que ce soit. Et c’est à mon sens, là ou l’on voit si un livre sur le rock est bon ou pas. Sur un autre sujet, le roman « Blonde » de Joyce Carol Oates, mon écrivain préféré, aborde la destinée de Marylin Monroe, dans ses détails les plus crus et les moins reluisants parfois, et pourtant, à la fin du livre, le mythe est intact. Car certains écrivains, auteurs ou journalistes ont cette capacité à s’approcher tout près, et à nous retransmettre ce qu’ils ont perçu. Ceux qui sont de cette espèce là sont, comme les artistes que l’on aime, des magiciens, qui participent à transmettre la flamme du rock’n’roll… Le livre de Marjorie Alessandrini n’a pas été ré-édité, et j’aimerais beaucoup savoir ce qu’elle est devenue après avoir écrit ce véritable bijou. Vous pouvez trouver des exemplaires d’occasion de « Le Rock au Féminin » sur amazon, et au hasard des librairies d’occasion. En vous souhaitant qu’un exemplaire croise votre route… Et pour vous, qu’est-ce qui fait qu’un(e) artiste est magique ? Avez-vous trouvé des livres ou auteurs qui ont su l’évoquer et que vous recommanderiez à d’autres ? France de Griessen UPDATE octobre 2014 : Un message de Paul Alessandrini, son compagnon de toujours, m'apprends que Marjorie nous a quitté cette année. Je publie ici en hommage deux photographies qu'il m'a transmises. Une archive vidéo des années 80, on y voit Marjorie Alessandrini évoquer la figure de Superman. Voilà un terme que presque tous les gens des métiers de la musique ont à la bouche en ce moment « la stratégie web », le « buzz » et autres dérivés.
Si internet est un outil tout à fait utile à l’artiste pour diffuser son travail, communiquer, échanger et dans une certaine mesure se faire connaître - n’oubliez pas qu’en creusant un peu, tous les « méga-coups » et autres inconnus propulsés du jour au lendemain « par les internautes » ont derrière eux un label qui préparait son coup et une armée de stagiaires dédiés à l’ascension web de l’artiste en question . Cherchez, vous verrez…-, n’est il pas aussi un obstacle au développement de la carrière de l’artiste ? Oui, vous avez bien lu : un obstacle ! Pourquoi ? Parce que tous les artistes n’ont pas l’âme d’un stalker (harceleur) en quête de fans virtuels, ni d’un directeur de com élaborant des « stratégies web ». Parce que, que l’artiste soit proche de ses fans, oui, c’est chouette et c’est cool. Mais moi, ce qui m’a fait rêver avec le rock’n’roll, c’est aussi le mystère. Et pour moi, il fait partie de la substance, de l’essence du rock. Alors si il faut devenir un ou une « hypeux/se » du web, merci bien, mais non. Je n’ai jamais accroché avec les Johnny Football et autres figures populaires du lycée. Les gens avec qui je me sentais bien, c’était les étranges, les inadaptés, les excentriques, les bizarres, ceux qui faisaient leur truc, d’une façon ou d’une autre et qui partaient à la conquête du monde avec un regard personnel. Ceux dont parle Patti Smith dans Rock’n’Roll Nigger. Et ce pourquoi je bénis le ciel chaque matin, c’est d’être entourée de gens comme ça, avec qui je fais des choses, et de pouvoir les partager avec le public. Alors, non, je ne te harcèlerai pas pour que tu « like » ma page fb…Mais j’essaierai de partager sur cet outil qu’est le web - remettons le donc à sa place ! On finirait par croire si on les écoutait tous qu’internet est la nouvelle incarnation de Jésus et qu’il va nous sauver en nous apportant la gloire si on est un bon élève du « buzz » - des choses, des textes, de la musique, des aquarelles, des photos qui t’apporteront quelque chose. Parce que moi, l’art et la musique m’ont tant donné, l’espoir quand je n’en avais plus, la rédemption quand j’avais tout merdé, la lumière, la joie, la magie, de la lumière, de la liberté et de la force. Alors je veux rendre ce que j’ai reçu, continuer le chemin. Internet est l’un des moyen annexes et utiles d’y parvenir, mais pas le messie, ni la solution à tout comme on l’entends partout. Doucement, insidieusement, le rapport s’inverse : l’artiste esclave d’internet et non internet au service de l’artiste et de ses fans. Et moi, les esclaves, ben, ça ne me fait pas rêver… Et vous, qu’en pensez-vous ? Peace, Love Love Love & Rock’n’Roll ! France « On ne peut pas miser sa vie sur une hypothétique main tendue venue du ciel qui vous donnerait une chance. C’est à vous de faire en sorte que quelque chose se passe. Saisissez les opportunités qui se présentent et faites-en quelque chose de sensationnel. » Citation extraite du DVD « DIY or DIE – How to Survive as an Independent Artist » de Michael W. Dean Je voudrais vous faire connaître un documentaire génial " « DIY or DIE – How to Survive as an Independent Artist » de Michael W. Dean". Le film est disponible en DVD. Il est en anglais, avec possibilités de sous titres en anglais, français, italien, allemand, espagnol. Ce film est une constitué d'une série d'interviews d'artistes et groupes indépendants tels que Lydia Lunch, Ian MacKaye, Steve Albini, Richard Kern, Jim Rose, Madigan Shive, Gwar, Ron Asheton.....qui évoquent les manières qu'ils ont trouvé de "survive as an independant artist" donc, "survivre en étant un artiste indépendant"... Pour moi qui vient de l'école du DIY, ce film est un véritable compagnon, que je re-regarde quand mon moral n'est pas au plus haut et que j'ai besoin de sentir l'énergie d'autres artistes...Le DIY, j'en parle dans une interview dans "Guitare Live" dont voici un extrait " J’ai toujours eu une approche pluridisciplinaire, héritée de la culture punk qui m’a construite, donc du DIY : tu fais toi-même tes affiches, tu inventes un monde qui accompagne la musique, des images, des façons d’assembler des vêtements. C’est ma façon de vivre. Elle est liée à une vision poétique, au besoin de liberté et au principe de remise en question qui ne me quittent jamais. La musique, en tant qu’artiste et aussi en tant que public me permet de rentrer dans un état qui est mystique, magique, mystérieux. C’est irremplaçable pour moi." Allez, je vous mets l'interview réalisée par Nicolas Didier Barriac qui m'a posé de chouettes questions - et qui m'a mis un d majuscule mais je ne lui en veux pas :) - ici, puis je continue mon post en dessous.... Donc, je reviens à "DIY or Die"...et au do it yourself. Car je tiens a apporter quelques précisions...pour moi le DIY, - tout artiste pluridiscilinaire que je suis ! -ce n'est pas "faire tout tout seul". Enfin, on commence presque tous par là bien sûr, mais pour développer son art, sa musique, ses projets, c'est avec les autres qu'on avance le mieux. Mais pour rencontrer ces autres, avec qui on va être sur la même longueur d'onde, et bien, il faut faire quelque chose. Et non attendre qu'on vienne vous chercher, ou que les circonstances soient idéales... C'est une des nombreuses choses que j'ai apprises du punk. Et je voulais le partager avec vous. Much love to you all ! and..."Just do it, any way possible !" France de Griessen Photo : Paul Toupet |
AuthorFrance de Griessen Archives
March 2016
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