Interview par France de Griessen
Pour Aurélie Prissette, la photographie est indissociable de l’aventure humaine.
Ni volées, ni mises en scène, ses images tendres, fortes et poétiques capturent en argentique la magie, le mystère et la beauté du réel et du quotidien. Une approche qui prends ses racines dans l’enfance et la transmission : « j'ai pris des photographie dès mes 10 ans grâce à un appareil tout simple que mon grand-père m'avait offert. C'était une sorte de coutume familiale car mon grand-père avait aussi débuté à cet âge, fait exceptionnel à l'époque. J'ai commencé à pratiquer plus sérieusement la photographie au lycée, mais je me suis réellement lancée en découvrant la photographie de scène. Tout à coup, je trouvais ma place... naturellement. C'était ni simple, ni facile mais c'était "pour moi". »
Après avoir travaillé sur des séries photographiques autour du contenu de tes sacs à main, puis de personnes tatouées dans leur salle de bain, tu continues à explorer, d’une autre manière encore, la sphère de l’intime avec « Smoke ». Comment t’es venue cette thématique, et quelle a été la méthode pour réaliser ces prises de vue ?
Il y a un "heureux hasard" à l'origine de cette série : je commençais tout juste à prendre des photos avec un appareil ancien - un Rolleiflex - qui me vient de mon grand-père. J'avais besoin de beaucoup de temps pour faire mes réglages de prise de vue et un copain dont je voulais faire le portrait en a profité pour allumer son cigare. J'ai beaucoup aimé ce cliché où il a l'air de se cacher derrière cet écran de fumée parce qu'il m'évoque des clichés des années 50 et même avant - je pense à une photo d'Henri Cartier-Bresson prise à Grenade en 1933. Quand je pense aux portraits photographiques de personnes entrain de fumer, je retrouve les "personnages" emblématiques : des femmes fatales, des cowboys, des voyous...
J'avais choisi de travailler avec ce Rolleiflex - qui n'est pas d'un maniement si facile - alors pourquoi ne pas faire un voyage complet et prendre aussi des photos "années 50" et "clope au bec" ! En plus, les films ne comportent que 12 poses, c'est juste le temps d'une pause-cigarette.
Ni volées, ni mises en scène, ses images tendres, fortes et poétiques capturent en argentique la magie, le mystère et la beauté du réel et du quotidien. Une approche qui prends ses racines dans l’enfance et la transmission : « j'ai pris des photographie dès mes 10 ans grâce à un appareil tout simple que mon grand-père m'avait offert. C'était une sorte de coutume familiale car mon grand-père avait aussi débuté à cet âge, fait exceptionnel à l'époque. J'ai commencé à pratiquer plus sérieusement la photographie au lycée, mais je me suis réellement lancée en découvrant la photographie de scène. Tout à coup, je trouvais ma place... naturellement. C'était ni simple, ni facile mais c'était "pour moi". »
Après avoir travaillé sur des séries photographiques autour du contenu de tes sacs à main, puis de personnes tatouées dans leur salle de bain, tu continues à explorer, d’une autre manière encore, la sphère de l’intime avec « Smoke ». Comment t’es venue cette thématique, et quelle a été la méthode pour réaliser ces prises de vue ?
Il y a un "heureux hasard" à l'origine de cette série : je commençais tout juste à prendre des photos avec un appareil ancien - un Rolleiflex - qui me vient de mon grand-père. J'avais besoin de beaucoup de temps pour faire mes réglages de prise de vue et un copain dont je voulais faire le portrait en a profité pour allumer son cigare. J'ai beaucoup aimé ce cliché où il a l'air de se cacher derrière cet écran de fumée parce qu'il m'évoque des clichés des années 50 et même avant - je pense à une photo d'Henri Cartier-Bresson prise à Grenade en 1933. Quand je pense aux portraits photographiques de personnes entrain de fumer, je retrouve les "personnages" emblématiques : des femmes fatales, des cowboys, des voyous...
J'avais choisi de travailler avec ce Rolleiflex - qui n'est pas d'un maniement si facile - alors pourquoi ne pas faire un voyage complet et prendre aussi des photos "années 50" et "clope au bec" ! En plus, les films ne comportent que 12 poses, c'est juste le temps d'une pause-cigarette.
On a l’impression que tes photos ont été prises sur un plateau, et que personnes photographiées sont toutes des acteurs/actrices de cinéma, qu’il s’agisse d’un film noir, glamour, intimiste ou populaire …
Qui sont tes modèles et comment as-tu crée cette atmosphère très particulière ?
En fait, je n'ai pas voulu créer une ambiance particulière, en installant un décors nostalgique, un noir et blanc cinématographique, par exemple, parce que je veux laisser une grande place à l'imaginaire et la suggestion. J'adore quand quelqu'un regarde un de mes portraits et me raconte une histoire de séduction, de défi, de rêverie...
Mes modèles sont surtout des proches et viennent de tous les horizons, peintre à directrice de labo en passant par fleuriste ou secrétaire. Ils auraient surement été gênés - et peut-être même pas très enthousiastes - de poser pour moi s'il n'y avait eu la cigarette entre nous ! Je leur demande juste si ils veulent bien poser pour moi dans le cadre de cette série. Je ne "vole" pas de photos, nous décidons ensemble d'un rendez-vous, avec beaucoup de liberté puisque nous n'avons pas besoin de matériel encombrant ou de beaucoup de temps. Le fait de fumer semble les placer naturellement dans une bulle, faire écran. Leur geste ne sont pas "calculés", car ils ont l'habitude de ces pauses cigarette, ne pensent pas à "prendre la pause" justement... et je les trouve très gracieux !
Qui sont tes modèles et comment as-tu crée cette atmosphère très particulière ?
En fait, je n'ai pas voulu créer une ambiance particulière, en installant un décors nostalgique, un noir et blanc cinématographique, par exemple, parce que je veux laisser une grande place à l'imaginaire et la suggestion. J'adore quand quelqu'un regarde un de mes portraits et me raconte une histoire de séduction, de défi, de rêverie...
Mes modèles sont surtout des proches et viennent de tous les horizons, peintre à directrice de labo en passant par fleuriste ou secrétaire. Ils auraient surement été gênés - et peut-être même pas très enthousiastes - de poser pour moi s'il n'y avait eu la cigarette entre nous ! Je leur demande juste si ils veulent bien poser pour moi dans le cadre de cette série. Je ne "vole" pas de photos, nous décidons ensemble d'un rendez-vous, avec beaucoup de liberté puisque nous n'avons pas besoin de matériel encombrant ou de beaucoup de temps. Le fait de fumer semble les placer naturellement dans une bulle, faire écran. Leur geste ne sont pas "calculés", car ils ont l'habitude de ces pauses cigarette, ne pensent pas à "prendre la pause" justement... et je les trouve très gracieux !
Sac que l’on remplit et vide de son contenu, travaux d’encre, cigarettes…
Autant de témoignages de notre passage sur terre ayant une dimension rituelle, auxquels beaucoup peuvent s’identifier et que tu photographies avec douceur, tendresse et un profond respect.
Peut-on dire que ta photographie s’inscrit dans une vision humaniste ?
C'est toujours difficile de voir les influences sur son propre travail mais "mon œil" a été formé par la photographie humaniste, surement parce qu'elle m'a accompagnée : les livres, les expo mais aussi les posters et les cartes postales. Je suis sensible à cette beauté très quotidienne. La vie n'est pas faite que de moments "admirables". C'est aussi un roman qu'on trimballe au fond de son sac, des moments partagés... Je ne cherche pas à maquiller la réalité, elle n'en a pas besoin. Je préfère échanger avec mes modèles pour trouver les moments qui leur ressemblent le plus.
Autant de témoignages de notre passage sur terre ayant une dimension rituelle, auxquels beaucoup peuvent s’identifier et que tu photographies avec douceur, tendresse et un profond respect.
Peut-on dire que ta photographie s’inscrit dans une vision humaniste ?
C'est toujours difficile de voir les influences sur son propre travail mais "mon œil" a été formé par la photographie humaniste, surement parce qu'elle m'a accompagnée : les livres, les expo mais aussi les posters et les cartes postales. Je suis sensible à cette beauté très quotidienne. La vie n'est pas faite que de moments "admirables". C'est aussi un roman qu'on trimballe au fond de son sac, des moments partagés... Je ne cherche pas à maquiller la réalité, elle n'en a pas besoin. Je préfère échanger avec mes modèles pour trouver les moments qui leur ressemblent le plus.
De quels photographes te sens-tu proche dans la démarche et le résultat ?
Je parlerai plus d'une source d'inspiration. A l'origine, les photographes humanistes - Cartier-Bresson, Ronis, Doisneau, Izis, Boubat - et beaucoup de photographes de presse comme Salgado, Depardon, Zachmann... Maintenant, je suis très émue par Diane Arbus ou Nan Goldin et aussi par la part de "révélateur" qu'on peut trouver chez Richard Avedon ou Annie Leibovitz.
Je parlerai plus d'une source d'inspiration. A l'origine, les photographes humanistes - Cartier-Bresson, Ronis, Doisneau, Izis, Boubat - et beaucoup de photographes de presse comme Salgado, Depardon, Zachmann... Maintenant, je suis très émue par Diane Arbus ou Nan Goldin et aussi par la part de "révélateur" qu'on peut trouver chez Richard Avedon ou Annie Leibovitz.
Outre les évènements photographiques plus classiques et galeries, tu exposes tes séries dans des lieux publics, de vie en commun : bars, restaurants, librairies, laboratoires… Est-ce un moyen pour toi de renforcer le message de tes images ?
Ma première exposition a eu lieu dans la Maison des Jeunes où je prenais des cours... et depuis j'ai exposé dans des lieux très variés ! J'aime les rencontres autour des photographies et c'est plutôt cet aspect que je privilégie.
Quels sont tes prochains projets ?
Déjà, je vais "poursuivre mes fumeurs"... et trouver d'autres poses !
Et dans une direction tout à fait différente, j'ai retrouvé le chemin du labo-photo en pratiquant le photogramme (une technique qui consiste à déposer directement des objets sur le papier sensible) et j'ai bien envie de poursuivre mes expérimentations.
Ma première exposition a eu lieu dans la Maison des Jeunes où je prenais des cours... et depuis j'ai exposé dans des lieux très variés ! J'aime les rencontres autour des photographies et c'est plutôt cet aspect que je privilégie.
Quels sont tes prochains projets ?
Déjà, je vais "poursuivre mes fumeurs"... et trouver d'autres poses !
Et dans une direction tout à fait différente, j'ai retrouvé le chemin du labo-photo en pratiquant le photogramme (une technique qui consiste à déposer directement des objets sur le papier sensible) et j'ai bien envie de poursuivre mes expérimentations.